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l’origine, les entreprises et les progrès du rang et des prétentions de la maison de Lorraine en France, et à son exemple de celui des princes étrangers. Pour me rabattre au fait dont il s’agit, il suffira de savoir qu’aux cérémonies de la cour, entrées, mariages des rois, baptêmes, obsèques, il y a eu souvent des disputes entre les duchesses et les princesses étrangères pour la préséance, que les rois ont cru de leur intérêt de laisser subsister sans les décider, pour entretenir une division qu’ils se sont crue utile, à quoi ce n’est pas ici le lieu de répondre.

Dans l’ordinaire de la vie, comme cercles, audiences, comédies, en un mot, tous les lieux journaliers et de cour, et de commerce du monde, jamais il n’y en avoit, et entre elles, elles se plaçoient indifféremment comme elles se rencontroient. La reine avoit des dames du palais, duchesses et princesses : Mmes de Chevreuse, de Beauvilliers, de Noailles, et plusieurs autres duchesses ; la princesse de Bade, sœur du comte de Soissons, tante paternelle de l’autre et du prince Eugène devenu depuis si fameux, fille de Mme de Carignan, princesse du sang, vivant et à Paris et à la cour, mère du prince Louis de Bade qui s’est illustré à la tête des armées de l’empereur et de l’empire, et dont la fille a épousé M. le duc d’Orléans petit-fils de Monsieur, longues années depuis ; Mme d’Armagnac, la même dont il va être ici question, Mlle d’Elbœuf et d’autres encore. Jamais de dispute, et jamais entre elles elles n’ont pris garde à rien, et cela avoit toujours duré ainsi jusque vers la fin de la vie de Mme la Dauphine-Bavière, que la princesse d’Harcourt commença la première à devenir hargneuse, et Mme d’Armagnac aussi. La première avoit peu à peu gagné toute la protection de Mme de Maintenon, avec qui Brancas son père avoit été longtemps plus que bien, et il falloit à Mme de Maintenon une raison aussi forte pour pouvoir prendre en faveur une personne qui en étoit aussi peu digne. Comme toutes celles de peu qui ne savent rien que ce que le hasard leur a appris,