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que la France vint à perdre subitement tous les chefs de son nouveau système politique, c’est-à-dire les directeurs suprêmes de ses travaux dans les beaux-arts, dans les sciences, et dans les arts-et-métiers.

J’ai supposé, d’une autre part, que la France eût le malheur de voir disparaître, dans le même instant, tout l’état-major de son ancien système, c’est-à-dire les chefs du pouvoir temporel, ceux du pouvoir spirituel, ainsi que tous les agents de ces chefs, et ceux qui, par leur position, aspirent nécessairement à le devenir.

J’ai examiné ce qui résulterait du premier de ces accidents, et j’ai reconnu que la France deviendrait une nation subalterne à l’égard de celles dont elle est aujourd’hui la rivale ; j’ai reconnu qu’elle resterait dans cet état de subalternité relativement à elles jusqu’à l’époque où serait réparée la perte qu’elle aurait éprouvée ; enfin, j’ai reconnu que la réparation de cette perte exigerait beaucoup de temps.

J’ai proclamé ensuite ce qui résulterait du second de ces malheurs, et la vérité que j’ai osé présenter dans toute sa nudité, c’est que la perte de tout l’état-major de l’ancien système politique ne causerait aucun mal politique à la France.