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« Enfin, nous croyons devoir remarquer qu’il y a deux sortes de fortunes. Les unes qui, en général, résultent d’opérations hasardeuses, ou d’agiotages, soit avec le gouvernement, soit avec les particuliers, et qui sont, par conséquent, une sorte de pillage : celles-là sont toujours acquises avec l’intention de se procurer des jouissances personnelles. Les véritables savants, les véritables artistes et les véritables artisans ne peuvent jamais devenir possesseurs de fortunes de ce genre. Une autre espèce de fortunes, et qui sont acquises avec l’intention d’en faire un tout autre emploi, résultent de découvertes importantes dans les sciences, dans les beaux-arts et dans les arts-et-métiers, ou bien elles sont le fruit de travaux opiniâtres et d’une sévère économie. Elles sont toujours employées au perfectionnement des sciences, des beaux-arts et des arts-et-métiers. Les fortunes de ce genre, qui sont ordinairement les seules désirées par les savants, les artistes et les artisans, ne sont jamais acquises aux dépens des individus ni de la nation, et elles tournent constamment au profit de la masse entière de la société.

« 2° Les savants, les artistes et les artisans, sont les hommes qui gouverneraient le moins