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ils ne désirent, en général, que la quantité d’argent nécessaire pour la satisfaction modérée de leurs besoins, par la raison qu’une fortune considérable ne leur est point indispensable, et leur est même assez inutile pour obtenir une grande considération. De plus, ils seront encore moins avides d’argent quand ils se trouveront investis exclusivement des fonctions sociales, puisqu’ils surpasseront alors en considération les hommes les plus riches.

« Il y a deux autres raisons pour que les savants, les artistes et les artisans, soient moins ambitieux d’obtenir de la fortune que les autres citoyens. La première, c’est que leur temps étant occupé presqu’en totalité par les travaux nécessaires pour perfectionner leurs talents et pour les faire connaître, il leur en reste fort peu à consacrer aux démarches nécessaires pour s’enrichir. La seconde, c’est que leurs travaux ne leur laissent pas non plus le temps nécessaire pour se livrer aux jouissances qu’une fortune considérable peut procurer : il faut beaucoup de travail et beaucoup de temps pour dépenser beaucoup d’argent, en jouissances personnelles, d’une manière qui ne soit pas tout à fait extravagante.