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nements est de travailler au bonheur de la société. Mais quels sont les moyens de bonheur pour la société ? C’est sur quoi l’opinion publique ne s’est nullement prononcée jusqu’à ce jour. Peut-être même n’existe-t-il pas sur ce point une seule idée fixe et généralement reçue. Qu’en résulte-t-il ? que la direction générale de la société est, de toute nécessité, entièrement abandonnée à la décision arbitraire des gouvernants. Leur dire : « Rendez-nous heureux, » sans leur prescrire par quels moyens, c’est leur laisser forcément la fonction d’imaginer ce qu’ils doivent faire pour notre bonheur, en même temps que celle de l’exécuter ; c’est, par conséquent, nous mettre de nous-mêmes à leur discrétion aussi complétement qu’il est possible. Dès lors, si nos chefs sont ambitieux, ils rions organiseront pour la conquête ou pour le monopole. S’ils ont le goût du faste, ils chercheront à nous rendre heureux en se bâtissant de beaux palais et en donnant des fêtes magnifiques. Sont-ils dévots, ils nous organisent pour obtenir le paradis, etc. ; car les gouvernants sont très-portés, par un effet naturel de leur position, à prendre sincèrement ce qui satisfait leurs passions ou leurs goûts dominants, pour ce qu’il y a de plus avan-