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même par les peuples, non comme des devoirs, mais comme des bienfaits des gouvernants.

« Cet ordre de choses a, sans doute, éprouvé successivement de grandes modifications ; mais il n’a éprouvé que des modifications, c’est-à-dire que le progrès des lumières a toujours diminué de plus en plus l’action gouvernante, mais qu’il n’en a point encore changé la nature. Telle qu’elle existe aujourd’hui parmi nous, cette action s’exerce moins librement et dans un cercle moins étendu, mais elle conserve le même caractère. L’ancien principe que les rois sont, de droit divin, propriétaires-nés de leurs peuples, est encore admis, au moins en théorie, comme le principe fondamental ; la preuve en est que toute tentative pour le réfuter est traitée par la loi comme un attentat à l’ordre social.

« D’un autre côté, néanmoins, un nouveau principe général de politique a été posé par les gouvernés. Il a été reconnu que les gouvernants ne sont que les administrateurs de la société, qu’ils doivent la diriger conformément aux intérêts et aux volontés des gouvernés, et qu’en un mot le bonheur des nations est le but unique et exclusif de l’organisation sociale. Ce principe a été adopté par les gouvernants, ou, du moins, il a déjà été admis par eux en concurrence avec