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Ainsi, bien loin d’entraver le développement du nouveau système social, il est de fait que, depuis l’établissement de la Charte, la royauté a favorisé cet établissement autant qu’il a dépendu d’elle, au temporel et au spirituel[1].

Quoique la royauté ait exercé cette action sans

    qui sont très en arrière de notre civilisation, sous ce rapport capital.

    Quoique la plus extrême liberté des cultes existe en Amérique, quoique tous les jours ce pays voie éclore des religions d’une invention nouvelle, l’obligation de fonder la morale sur une théologie quelconque y est poussée jusqu’au fanatisme, et nul n’oserait s’y soustraire ouvertement.

    Certainement aucun ministre américain ne prendrait sur lui de proclamer ou même d’insinuer dans l’une des deux Chambres du congrès ce que M. de Serres, au nom du pouvoir royal, a établi d’une manière si expresse et si péremptoire à notre tribune législative.

  1. Jusqu’à présent le caractère d’allié que le pouvoir royal avait eu dès l’origine, vis-à-vis des communes, ne s’était présenté que comme celui d’une action combinée ; il ne s’était présenté que comme une coalition de la tête de l’ancien système et des éléments du nouveau, luttant ensemble contre la féodalité, leur ennemi commun.

    Dans cette action, la royauté pouvait être envisagée comme travaillant uniquement à sa propre conservation, sans avoir l’intention expresse de favoriser la cause des communes.

    Mais, par les deux mesures de l’admission des industriels à l’électorat et de la déclaration d’indépendance de la morale à l’égard des idées religieuses, la royauté a pris un caractère absolument neuf, c’est celui d’une initiative directe pour la formation du nouveau système, ce qui constitue de sa part le plus haut degré d’élévation et de générosité politique.

    Espérons que la royauté soutiendra ce rôle, qui est à la fois le plus honorable et le plus conforme à ses intérêts.