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ce dernier principe n’a consisté, sous le rapport organique[1], qu’à préparer cette déclaration.

En effet, tant que l’autorité sociale n’a point reconnu que la morale peut être traitée indépendamment des idées religieuses, il est impossible que les savants s’occupent de l’établir sur des principes uniquement déduits de l’observation. La liberté des cultes ne diminue point par elle-même cette impossibilité, au moins d’une manière essentielle. La faculté de se choisir une croyance à volonté ne fait point cesser directement l’obligation de fonder la morale sur des croyances[2].

Quand le pouvoir suprême a non-seulement admis, mais qu’il a établi de lui-même la séparation de la morale d’avec la religion, tous les obstacles qui s’opposaient à ce que les savants travaillassent directement à établir la morale sur des observations sont entièrement levés. Il ne reste plus qu’à mettre la main à l’œuvre.

  1. Le principe de la liberté de conscience a sans doute exercé une action spéciale et directe ; mais c’est uniquement sous le rapport critique, et comme détruisant d’une manière irrévocable l’autorité du pouvoir spirituel. C’est ainsi que j’ai considéré le principe de la liberté de conscience dans ma première série d’observations.
  2. Cela est très-sensible dans les États-Unis d’Amérique,