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Cette confiance du peuple dans les opinions des savants est absolument du même ordre, quoique beaucoup plus étendue, que celle des savants les uns pour les autres.

Les mathématiciens croient journellement les physiologistes sur parole, et réciproquement chacun d’eux pour leurs classes respectives.

Dans la même science, n’arrive-t-il pas tous les jours que les savants croient provisoirement sur la parole les uns des autres, avant d’avoir pu connaître et juger les démonstrations. Quel est, par exemple, le mathématicien qui se serait refusé à admettre, sans examen, une proposition d’après l’autorité de Lagrange ?

Cette croyance n’a aucun inconvénient dans les sciences, parce qu’elle n’est jamais que provisoire. La confiance du peuple pour les savants a précisément le même caractère ; seulement c’est un provisoire qui se prolonge indéfiniment, quoique toujours regardé comme provisoire. Ainsi, cette confiance n’est nullement humiliante pour le peuple, et elle ne saurait jamais avoir, pour ses intérêts, la moindre des conséquences funestes de la soumission d’esprit aux théologiens.

La crainte de voir s’établir un jour un des-