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l’habitude d’une confiance absolue et d’une soumission d’esprit tout à fait illimitée. Mais du moment que les sciences positives ont eu acquis un certain développement, cette confiance et ce respect se sont peu à peu retirés du clergé et transportés successivement aux savants.

Ce changement a été puissamment secondé par le changement analogue qui s’était déjà effectué dans le temporel. Le peuple, organisé industriellement, s’aperçut bientôt que ses travaux ordinaires d’arts et métiers n’étaient nullement en rapport avec les idées théologiques, qu’il ne pouvait tirer des théologiens aucunes lumières réelles sur les objets de ses occupations journalières, et partout où il put être en contact avec les savants, soit directement, soit indirectement, il perdit l’habitude de consulter les prêtres, et il prit celle de se mettre en rapport avec ceux qui possédaient les connaissances positives. Sans doute ce rapport est encore fort loin d’être aussi intime qu’il pourrait et devrait l’être, et cela tient principalement, non pas au peu de désir que le peuple aurait de s’instruire, mais au peu de moyens qu’il en a et au peu de soin qu’on prend pour lui faire acquérir les connaissances qui lui seraient utiles. Le peuple est au