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trielle répugne tout autant par sa nature à exercer l’arbitraire qu’à le supporter. N’oublions pas d’ailleurs que, dans une société de travailleurs, tout tend naturellement à l’ordre ; le désordre vient toujours, en dernière analyse, des fainéants.

Enfin, observons que les progrès de l’industrie, des sciences et des beaux-arts, en multipliant les moyens de subsistances, en diminuant le nombre des inoccupés, en éclairant les esprits et en polissant les mœurs, tendent de plus en plus à faire disparaître les trois plus grandes causes de désordre : la misère, l’oisiveté et l’ignorance.

Nous avons à faire, pour le spirituel, des observations analogues à celles qui viennent d’être faites pour le temporel.

Avant l’introduction des sciences positives en Europe, ou, pour parler plus juste, avant que les sciences eussent passé des mains du clergé dans celles des séculiers (événement qui suivit le premier de très-près), la masse du peuple était organisée spirituellement par rapport à ses chefs théologiques. Le peuple croyait sur leur parole ; il les consultait sur tout, et il s’en rapportait aveuglément à leurs décisions ; les doctrines qu’il leur convenait d’établir devenaient les siennes. En un mot, il avait à leur égard