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Dans une société où il entre des hommes qui n’apportent ni capacité, ni mise quelconque, il y a nécessairement des maîtres et des esclaves, sans quoi les travailleurs ne seraient pas assez dupes pour consentir à un pareil arrangement s’ils pouvaient s’y soustraire. On ne peut pas même concevoir une telle société ayant commencé autrement que par la force. Mais dans une coopération, où tous apportent une capacité et une mise, il y ’a véritablement association, et il n’existe d’autre inégalité que celle des capacités et celle des mises, qui sont l’une et l’autre nécessaires, c’est-à-dire inévitables, et qu’il serait absurde, ridicule et funeste de prétendre faire disparaître.

Chacun obtient un degré d’importance et des bénéfices proportionnels à sa capacité et à sa mise ; ce qui constitue le plus haut degré d’égalité qui soit possible et désirable. Tel est le caractère fondamental des sociétés industrielles, et voila ce que le peuple a gagné en s’organisant par rapport aux chefs des arts et métiers. Il n’y a plus de commandement exercé sur lui par ses nouveaux chefs, que ce qui est strictement nécessaire pour maintenir le bon ordre dans le travail, c’est-à-dire très-peu de choses. La capacité indus-