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Avant l’affranchissement des communes, la masse du peuple se trouvait avoir, au temporel, pour chefs uniques et permanents, les militaires. Depuis l’affranchissement, au contraire, le peuple s’est peu à peu détaché de ces chefs, et s’est en même temps organisé sous la direction des chefs des arts et métiers. Il a contracté envers eux des habitudes de subordination et de discipline qui, sans être rigoureuses pour lui, sont tout a fait suffisantes pour maintenir l’ordre dans les travaux et la bonne harmonie dans la société.

On peut rapporter à l’origine de l’institution des armées permanentes et soldées sous Charles VII, le moment de la séparation entière du peuple d’avec les chefs militaires. Dans l’intervalle qui s’est écoulé depuis l’affranchissement jusqu’à la naissance de cette institution, le peuple a été coordonné à peu près également sous les deux espèces de chefs. Pour tous les travaux pacifiques habituels, il était sous la direction des chefs industriels ; mais, pour les travaux et exercices militaires, il était en général sous le commandement des chefs militaires.

Quand une fois les armées permanentes et soldées ont été établies, le métier de soldat étant devenu l’objet d’une fraction particulière et sé-