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d’être gouverné, c’est-à-dire commandé. Il suffit, pour le maintien de l’ordre, que les affaires d’un intérêt commun soient administrées.

De même au spirituel, le peuple qui par exemple aurait une croyance suffisante dans les sorciers, pour’se laisser guider par eux dans ses affaires importantes, a besoin que son esprit soit gouverné arbitrairement par des hommes plus éclairés. Il ne saurait être livré à lui-même sans inconvénient pour ses propres intérêts. Mais il est évident qu’aussitôt que la masse d’un peuple se trouve en état de se conduire, dans les affaires ordinaires de sa vie, d’après ses propres connaissances, et que par conséquent il se trouve avoir satisfait aux deux conditions que nous avons posées, elle n’a nullement besoin d’être gouvernée ; elle peut se conduire par elle-même, sans que la tranquillité coure aucun risque. On peut même ajouter que toute action de commandement, exercé sur elle à cette époque où, elle est devenue inutile, tend à troubler la tranquillité plutôt qu’elle ne sert à la maintenir.

Depuis l’affranchissement des communes, la masse de la population française a contracté peu à peu et acquis les lumières suffisantes pour vivre sous le nouveau système. L’abolition de