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Il est essentiel d’observer qu’en même temps que l’action scientifique s’est constituée et étendue de plus en plus dans chaque nation européenne considérée isolément, la combinaison des forces scientifiques des différents pays s’est aussi effectuée de plus en plus. Le sentiment de la nationalité a été (sous ce rapport) totalement écarté, et les savants de toutes les parties de l’Europe ont formé une ligue indissoluble, qui a toujours tendu à rendre européens tous les progrès scientifiques faits sur chaque point particulier. Cette sainte alliance, contre laquelle l’ancien système n’a aucun moyen de résistance, est plus forte pour opérer l’organisation du nouveau système que ne peut l’être, pour l’empêcher ou seulement pour la ralentir, la coalition de toutes les baïonnettes européennes.

La même combinaison a bien eu lieu, jusqu’à un certain point, entre les capacités industrielles des différentes nations européennes ; mais ce n’a été qu’à un degré infiniment plus faible. Le sentiment de rivalité nationale, les inspirations d’un patriotisme féroce et absurde, créées par l’ancien système et soigneusement entretenues par lui, ont conservé encore, quant au temporel, une très-grande influence. C’est ce qui fait que la