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et toujours croissante sur la direction de l’éducation nationale. Si l’on considère, sous ce rapport, les attributions légales dont la première classe de l’Institut est actuellement investie, on conviendra qu’elles sont à peu près aussi étendues qu’elles peuvent l’être, tant que le corps qui les exerce n’est pas chargé de l’enseignement de la morale[1]. Or c’est ce qui ne saurait avoir lieu qu’à l’époque où la morale sera devenue une science positive. Ainsi, sous ce rapport, comme sous tous ceux que nous avons considérés jusqu’à présent, l’ancien système a cédé la place au nouveau et lui a frayé les voies autant qu’il est possible. On ne peut aller plus loin qu’en organisant le nouveau système.

  1. Il est clair, en thèse générale, que la direction suprême de l’éducation nationale et celle de l’enseignement de la morale doivent être dans les mêmes mains ; les séparer serait absurde. Ainsi, tant que la morale restera uniquement fondée sur les croyances religieuses, il est inévitable que la direction générale de l’éducation appartienne, en dernière analyse, à un corps théologique ou du moins à l’esprit théologique.

    Les hommes qui s’élèvent aujourd’hui si vivement contre les jésuites, contre les missionnaires et autres corporations religieuses, devraient donc bien sentir que le seul moyen de faire disparaître le reste d’influence de ces sociétés est de fonder la morale sur l’observation des faits.

    Jusqu’à ce qu’un travail de ce genre soit fait, toutes ces réclamations seront à peu près inutiles, parce qu’elles portent à faux en très-grande partie.