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est même tout à fait impossible par la nature des choses ; car la loi supérieure des progrès de l’esprit humain entraîne et domine tout ; les hommes ne sont pour elle que des instruments. Quoique cette force dérive de nous, il n’est pas plus en notre pouvoir de nous soustraire à son influence ou de maîtriser son action que de changer à notre gré l’impulsion primitive qui fait circuler notre planète autour du soleil.

Les effets secondaires sont les seuls soumis à notre dépendance. Tout ce que nous pouvons, c’est d’obéir à cette loi (notre véritable Providence) avec connaissance de cause, en nous rendant compte de la marche qu’elle nous prescrit, au lieu d’être poussés aveuglément par elle ; et, pour le dire en passant, c’est précisément en cela que consistera le grand perfectionnement philosophique réservé à l’époque actuelle. Mais, malgré cela, quand nous voyons dans l’ordre politique une série d’événements qui s’enchaînent de la même manière que si les hommes qui en ont été les agents s’étaient conduits d’après un plan, n’est-il pas permis d’employer cette supposition[1] pour faire mieux ressortir cet enchaîne-

  1. Je me permettrai d’ailleurs de remarquer que, s’il est vrai qu’une science ne devient positive qu’en se fondant exclusive-