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pour jamais de l’ancien système, se sont solidement constituées en dehors de lui, et ont acquis une existence propre, caractéristique, indépendante. Or, elles ne pouvaient pas cesser d’être instruments pour l’ancien système sans devenir ses ennemies ; c’est le cas de l’adage : Qui non est pro me, contra me est.

Cette révolution fondamentale a donc dans la société deux nouvelles forces, la force industrielle et la force scientifique, qui, dès leur origine et en vertu de cette origine même, ont été empreintes pour jamais du double caractère d’antagonistes de l’ancien ordre politique et d’éléments d’un ordre nouveau.

Le mépris et la haine que la féodalité et la théologie ont montrés constamment depuis cette époque, l’une pour les arts et métiers, l’autre pour les sciences d’observation, n’ont abouti qu’à renforcer cette opposition et à la rendre plus tranchée.

Ainsi le changement qui s’est opéré au xie siècle contenait tout à la fois le principe de la destruction de l’ancien système et le germe d’un système nouveau.

Tout le passé, depuis cette époque, n’a été que la conséquence et le développement de ce double état primitif de la société. Nous avons,