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temps de l’ancien système, elle ne peut s’éteindre qu’avec lui, et qu’un système ne peut s’éteindre qu’autant qu’un autre existe déjà tout formé, et prêt à le remplacer immédiatement.

Le résultat final de toute cette grande commotion fut l’abolition des priviléges, la proclamation du principe de la liberté illimitée de conscience, et, enfin, l’établissement de la constitution anglaise, octroyée par le pouvoir royal lui-même.

L’abolition des privilèges ne fit que compléter la ruine de la féodalité, et réduisit absolument le pouvoir temporel à l’unique pouvoir royal.

La proclamation du principe de la liberté illimitée de conscience anéantit en totalité et irrévocablement le pouvoir spirituel[1].

  1. Cette proclamation a rendu impossible l’établissement d’aucune autorité religieuse, soit politique, soit simplement morale ; car les croyances ayant été laissées à l’arbitraire de chaque individu, il n’y aura peut-être pas deux professions de foi tout à fait uniformes, et celle de chacun pourra changer du matin au soir, en suivant toutes les variations que pourra lui inspirer l’état perpétuellement mobile de ses affections morales et physiques, ainsi que les circonstances sociales, également mobiles, dans lesquelles il se trouvera successivement placé.

    En un mot, il est clair que la liberté illimitée de conscience et l’indifférence religieuse absolue reviennent exactement au même, quant aux conséquences politiques. Dans l’un et l’autre