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Si Louis XIV n’eut pas commis cette faute capitale, s’il eut abandonné à sa destinée une puissance devenue caduque, une puissance dont le sort était irrévocablement fixé dans les décrets de l’esprit humain, et que lui-même avait efficacement concouru à détruire ; s’il eut enfin continué à suivre simplement la direction des communes, il eût, sans doute, épargné tous les malheurs qui tombèrent plus tard sur l’innocent et malheureux Louis XVI.

C’est là, en effet, ce qui primitivement discrédita la royauté aux yeux des communes, et les sépara d’elle. La honte qui rejaillit ensuite sur le pouvoir royal des mœurs du régent et du libertinage de Louis XV porta cette déconsidération à son comble. En même temps, les philosophes ayant soumis le pouvoir temporel à la même discussion que le pouvoir spirituel, il n’y résista pas davantage, d’autant plus qu’il était, en grande partie, fondé sur les mêmes doctrines, depuis la réforme.

Ainsi, le xviiie siècle porta la critique des deux pouvoirs jusqu’à ses dernières bornes, et il acheva la ruine de l’ancien système dans ses éléments et dans son ensemble. Un examen plus détaillé de la manière dont ce