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critique fut poussée jusqu’au point de les couvrir de ridicule aux yeux des hommes les moins instruits. C’est un fait qu’on ne saurait nier, et nous ne jugeons pas cette critique, nous l’observons.

Quant au pouvoir temporel, si nous examinons ce qui s’est passé à son égard en France où tout le xviiie siècle doit être principalement observé, nous verrons que la féodalité, après avoir perdu, dans le siècle précédent, toute sa puissance politique, perdit, dans celui-ci, toute sa considération civile.

La royauté, parvenue sous Louis XIV à la possession pleine et entière du pouvoir temporel au moyen de l’appui que les communes lui avaient prêté, cessa de se combiner avec elles, ce qui fut une grande faute de sa part.

Louis XIV commit une grande erreur en s’accolant à la noblesse, qui se résignait enfin à adopter, à prix d’argent et d’honneurs, une existence politique subalterne et insignifiante, paraissant avoir oublié qu’elle avait marché de pair avec l’autorité royale[1].

  1. La raison pour laquelle les Mémoires de mon parent, le duc de Saint-Simon, font encore aujourd’hui une assez grande sensation dans le public, c’est qu’il fut alors le seul noble qui conserva l’ancien caractère féodal, le seul qui montra une véritable indépendance.