Page:Saint-Saëns - Portraits et Souvenirs, Société d’édition artistique.djvu/97

Cette page n’a pas encore été corrigée

les chœurs tiennent toujours la première place dans l’attention de l’auditeur ; il y a même un double chœur, dans le style de Palestrina, sans aucun accompagnement, qui repose et rafraîchit l’oreille. Même impression de repos et de fraîcheur dans la délicieuse pastorale Inter oves locum præsta, si séduisante dans la voix du ténor.

Toutes les ressources vocales sont employées dans ce Requiem, y compris le style fugué dont l’abus paraîtrait fatigant à notre époque, mais dont l’usage bien compris communique à une œuvre de cette nature une autorité que rien ne saurait remplacer.

L’Agnus Dei est particulièrement saisissant. Après une succession d’harmonies douloureuses et tourmentées, surgit tout a coup dans les hauteurs du soprano une phrase merveilleuse, sur les mots : Dona eis requiem, phrase que nous retrouverons plus tard. Puis le morceau s’éteint lentement dans un long decrescendo aux sonorités mystérieuses, dont l’effet de calme pénétrant dépasse tout ce qu’on peut imaginer. C’est la volupté dans la mort, l’entrée ineffable dans le repos éternel…..

Et alors commence, s’élargît, s’élève un prodigieux épilogue.

    L’âme lève du doigt le couvercle de pierre
    Et s’envole…

La Lumière a brillé, un bonheur inconnu inonde l’âme délivrée des liens terrestres ; toutes