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e dévouement. Le mouvement artistique créé par Liszt fut retourné contre lui, ses œuvres écartées des concerts, au profit de celles de Wagner qui, d’après les théories de l’auteur, spécialement écrites en vue du théâtre, n’en pouvaient sortir sans devenir inintelligibles. Reprenant les arguments de l’école classique, la critique wagnérienne sapa les œuvres de Liszt par la base, en prêchant le dogme de la musique pure, et déclarant hérétique la musique descriptive.

Or, il est évident qu’une des grandes forces de Richard Wagner, un de ses moyens d’action les plus puissants sur le public a été justement le développement de la musique descriptive poussé jusques aux plus extrêmes limites ; il est allé dans cette voie jusqu’au miracle, quand il est parvenu, pendant tout le premier acte du Vaisseau Fantôme, à faire entendre les bruits de la mer sans gêner l’action dramatique. Il a créé tout un monde en ce genre.

Comment se tirer d’une pareille contradiction ? — D’une manière aussi ingénieuse que simple. Oui, a-t-on dit, la musique a le droit d’être descriptive, mais au théâtre seulement.

C’est un misérable sophisme. Au théâtre, bien au contraire grâce à la représentation scénique, aux « bruits de coulisse », la musique pourrait sans inconvénient être exclusivement consacrée à l’expression des sentiments.

Les ouvertures, les fragments, des œuvres de Wagner qu’on exécute au concert, qu’y