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Faisant ainsi non seulement de la prose, mais de la détestable prose, sans aucun profit ; car rien, absolument rien, ne l’obligeait à ces monstruosités. Ceci soit dit sans esprit de dénigrement envers un génie qu’on s’efforce aujourd’hui de déprécier contre toute justice : ce n’est pas l’absence des défauts, c’est la présence des qualités qui fait la valeur des œuvres et des hommes.

Une seule torture ne peut être épargnée aux vers que l’on met en musique, celle des « répétitions ». Je ne les aime pas beaucoup pour ma part et les évite autant que je le puis ; mais il est impossible de les éviter complètement : Richard Wagner lui-même n’y est pas parvenu.

Il y a là un phénomène bizarre ; choquante en principe et en théorie, la répétition ne l’est pas dans la pratique, à moins qu’elle ne soit faite sans discernement.

Voyez l’air d’Alceste :

    Divinités du Styx, ministres de la mort,
    Je n’invoquerai point votre pitié cruelle.

Gluck le chante ainsi :

    Divinités du Styx, divinités du Styx, ministres de la mort,
    Je n’invoquerai point votre pitié cruelle ;
    Je n’invoquerai point, je n’invoquerai point
    Votre pitié cruelle, votre pitié cruelle.