Page:Saint-Saëns - Portraits et Souvenirs, Société d’édition artistique.djvu/235

Cette page n’a pas encore été corrigée

ellectuelle des générations à travers le temps. Elle distingue la civilisation de la barbarie. On ne vent plus de ses services, on méprise ses enseignements. On injurie, on ignore les maîtres, et, chose curieuse, au même moment, on se jette dans l’imitation des étrangers. Mais, à les imiter, on perd ses qualités naturelles, et l’on ne parvient qu’à se donner leurs défauts. On a cessé d’être clair comme un bon Français, pour essayer d’être profond comme un Norvégien, ou sentimental comme un Russe. On n’a réussi qu’à être obscur et ennuyeux, et, sous prétexte de faire entrer dans notre littérature plus de vie et de beauté, on a composé des livres qui, manquant de l’une et de l’autre, manquaient aussi des vieilles traditions nationales de mouvement, d’ordre et de bon sens. »

Ainsi parle un homme éminent, M. Charles Richet, qui ne songeait probablement guère aux questions qui nous occupent lorsqu’il écrivait un article sur l’anarchie littéraire. On en pourrait écrire un autre sur l’anarchie musicale. De malheureux jeunes gens sont, actuellement persuadés que les règles doivent être mises au rebut, qu’il faut se faire des règles, à soi-même suivant son tempérament particulier ; ils retournent a l’état sauvage de la musique, au temps de la diaphonie ; quelques-uns en arrivent a écrire des choses informes, analogues à ce que font les enfants quand ils posent au hasard leurs petites pattes sur le clavier d’un piano…

Richard Wagner n’a pas procédé ainsi : il a