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écrit en clef de sol, l’usage est de le faire à l’octave aiguë de la note réelle. Le copiste chargé de la transposition connaissait cette règle, mais, peu familiarisé sans doute avec la clef du contralto, et ne sachant s’il devait transcrire la note réelle, comme pour le soprano ou la remonter d’une octave, comme pour le ténor, il a employé tour à tour les deux systèmes, passant de l’un à l’autre suivant son caprice, souvent d’une mesure à l’autre, parfois dans le courant d’une même mesure ; il en est résulté une chose sans nom, un horrible galimatias, une partie vocale qui tantôt descend dans les notes les plus graves du contralto, tantôt escalade les hauteurs les plus escarpées du soprano. C’est cette version que Pasdeloup a fait exécuter si souvent.

— Voilà bien la légèreté française ! diront les Allemands. Patience, chers voisins, ne vous hâtez pas de triompher : tous vos éditeurs n’ont pas été des Breitkopf et Haertel, et l’on peut trouver de mauvais musiciens dans la patrie de Beethoven, tout comme ailleurs. Il existe une partition allemande du Freischütz, pour piano et chant, dont l’auteur, pénétré de cette idée que le piano ne saurait soutenir les sons comme les instruments de l’orchestre, a imaginé de traduire toutes les rondes par une blanche suivie de deux noires ornées d’une élégante appogiature ; et là où Weber a écrit des tenues de plusieurs rondes, le rythme impitoyable est répété symétriquement à chaque mesure,