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C’est parler d’or ; et un art nécessaire, indissable, auquel des esprits sérieux trouvent un plaisir extrême, ne saurait être plus faux qu’un autre, ou bien alors tous les autres sont également faux.

Pourquoi donc le battre on brèche ?

Parce que, ainsi que nous le disions en commençant, on veut tout remettre en question ; et aussi parce que le mysticisme, un mysticisme violent, nouveau et inattendu, s’est introduit dans la place.

Ceci mérite une étude à part.

Les incompris de l’art, ceux qui, sous prétexte que le beau est parfois difficilement accessible, s’imaginent que l’inaccessible est nécessairement beau, ont coutume de se retrancher dans leur foi artistique, cette foi dont un artiste digne de ce nom ne saurait se passer. Les artistes sérieux en parlent rarement, par la raison qui empêche les princes de parler de leur noblesse ou les millionnaires de leur fortune ; mais on en parle beaucoup dans certains cénacles où l’on disserte à perte de vue sur l’art et l’esthétique. Il est arrivé qu’à force de disserter sur ces matières, on a fini par être dupe des mots et assimiler la foi artistique à la foi religieuse, qui est une chose fort différente.

La foi religieuse ne connaît que l’affirmative ; si elle consent à discuter, c’est pour pulvériser son adversaire, et il ne peut en être autrement. De brillants écrivains, pour qui j’ai autant de