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instrumentale ou purement vocale : Bach et Palestrina défient les siècles ; mais les opéras de Haendel et de Scarlatti, essayez donc d’y aller voir ! »

Cela est traduit d’un M. Richi, dans un livre publié à Stuttgard, il y a quelques années.

Et René de Récy, le regretté critique de la Revue bleue où il écrivait avec tant de solidité et d’éclat, ayant traduit ce fragment, ajoutait :

« La logique dans l’opéra ! Commencez par lui donner ce que sa nature lui refuse, ce fonds de vérité relative indispensable à l’illusion artistique. Dans la tragédie ou le drame, a côté de la part du convenu, j’aperçois la part du réel ; mais l’opéra n’est qu’un perpétuel défi à ma raison….. Quand j’ai là devant moi, sur la scène, des êtres humains, qui agissent et qui parlent, venir les faire chanter par surcroît, c’est vouloir m’empêcher de les prendre au sérieux. Et ne me répétez pas que, pour un héros de tragédie, chanter ou parler en vers est également bizarre ; car le vers est la forme ailée du langage ; il est fait de mots de la langue courante, tandis que la parole chantée n’est pas, que je sache, un moyen naturel d’exprimer sa pensée. »

Donc, l’opéra est une forme transitoire, les opéras ne font que paraître et disparaître, et il serait, par conséquent, bien inutile d’en écrire ; mais il en est ainsi de toutes les manifestations de l’art dramatique. Les bibliothèques sont pleines de tragédies, de comédies, de drames qui ont vécu dramatiquement