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chant y alterne avec le dialogue, et s’il est vrai que des mains étrangères les nient affublés de musique d’un bout à l’autre, qui nous dit que Weber et Beethoven approuveraient la transformation, s’ils pouvaient voir leurs œuvres ainsi modifiées ? Nous l’ignorons. On y trouve des couplets, et même, horreur ! de légères et pimpantes vocalises, que les purs affectent de ne pas voir : par de pareils objets leurs âmes sont blessées.

Pour que ce système de scènes alternativement parlées et chantées, si peu rationnel en apparence, si déplaisant au juger, dure depuis si longtemps, pour qu’il ait eu pareil succès, il finit pourtant qu’il ait son utilité. Il est utile, en effet pour bien des raisons. Il repose les auditeurs, plus nombreux qu’on ne croit, dont les nerfs résistent mal à plusieurs heures de musique ininterrompue, dont l’ouïe se base au bout d’un certain temps et devient incapable de goûter aucun son. Il permet d’adapter au genre lyrique des comédies amusantes et compliquées, dont l’intrigue ne saurait se développer sans beaucoup de mots, incompréhensibles si les mots n’arrivent pas sans obstacle a l’oreille du public. La musique intervient lorsque le sentiment prédomine sur l’action, ou que l’action prend un intérêt supérieur : certaines scènes, mises par elle en couleur et en relief, ressortant ainsi vigoureusement sur l’ensemble. Ce sont là dû sérieux avantages ; ils compensent, bien au delà, le petit choc désagréable