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Mais quel Orphée ?

Il y en a deux : l’Orfeo italien et l’Orphée français. Le premier fut écrit pour voix de contralto, à l’usage d’un castrato. Le second est une adaptation de l’ouvrage pour l’Opéra de Paris, et le rôle d’Orphée y est écrit pour ténor : d’où un bouleversement complet de la partition.

Il fallait donc se substituer à l’auteur pour écrire une troisième partition, — une sorte de cote mal taillée entre la version italienne et la version française, qui permît de rétablir la voix de contralto dans le rôle d’Orphée tout en conservant les améliorations que Gluck a introduites dans son œuvre. Travail délicat, auquel Berlioz mit la main, on devine avec quel tact et quel respect.

Une des plus grandes divergences entre les deux textes se trouve à la fin du premier acte : dans Orfeo, l’acte se termine par un récitatif que suit une ritournelle tumultueuse, exprimant le désordre des éléments, pendant laquelle la scène change à vue et représente les Enfers. C’est ainsi que se conclut le premier acte dans le manuscrit de l’Orphée français ; mais, dans la partition gravée, l’acte finit sur un air à roulades, d’un style ridicule. Cet air existe aussi, avec quelques légères variantes, dans une partition du compositeur italien