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deux illustres poèmes, alors qu’ils s’adaptent difficilement à la représentation théâtrale ; Ponsard on a fait l’expérience à ses dépens.

Le Banquet des Phæaciens, avec le chant des Rhapsodes accompagné par les harpes, les plaintes d’Ulysse soupirant après su patrie, ont plein de charme ; les chœurs y sonnent magnifiquement et l’impression qui s’en dégage est celle que doit donner toute musique bien pensée et bien écrite. On trouverait peut-être chez nous quelle n’est pas assez pimentée ; on va un peu au concert comme au feu d’artifice, avec l’espoir d’être surpris et ébloui ; or M. Max Bruch ne tire jamais de fusées, n’allume pas de soleils tournants ; encore que je prenne, tout le premier, grand plaisir à ces exercices, je ne saurais blâmer un artiste de faire tranquillement son œuvre et de modeler dans l’argile sacrée de nobles figures, aux belles attitudes. Même en Allemagne, où tout le monde sait le métier, le posséder à fond, écrire de la musique vraiment bonne est chose rare, et c’est l’apanage de M. Max Bruch, qui a le droit d’en être fier.

Le prologue de Mefistofele devrait être dans la mémoire de tous les amateurs de musique ; il y a beau temps que je l’ai signalé à nos directeurs de concerts. L’auteur me pardonnera-t-il si je dis que ce morceau merveilleux, écrit pour le théâtre, me semble beaucoup mieux à sa place en dehors de