Page:Saint-Saëns - Portraits et Souvenirs, Société d’édition artistique.djvu/15

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

AVANT-PROPOS



On dirait qu’il s’est écoulé un siècle depuis le temps où j’écrivais Harmonie et Mélodie, « Harmonie, » alors, signifiait science ; « Mélodie, » inspiration. La situation s’est retournée ; les amateurs qui refusaient de tenter le moindre effort pour comprendre la musique se sont pris de passion pour l’obscur et l’incompréhensible ; « quand je comprends, » disent les purs, « c’est que cela est mauvais ; quand je ne comprends pas, c’est que cela est bon ». Ils sont irrités ou dédaigneux si les instruments de l’orchestre ne courent pas de tous côtés comme des rats empoisonnés ; un accompagnement simple et naturel leur fait hausser les épaules.

La Mélodie, naguère objet d’une redoutable idolâtrie, est vilipendée ; un simple chant, accompagné naturellement, semble méprisable, et dans