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était prodigieuse : toujours on le trouvait la plume à la main, griffonnant des paperasses pour l’Assistance publique, dont il était un des hauts fonctionnaires, rédigeant des rapports, écrivant des romans, des articles pour plusieurs revues, des comédies, des poèmes d’opéra, entretenant une effroyable correspondance ; et il écrivait encore des sonnets pour se reposer.

Puis, c’étaient des discours en prose et en vers, pour des inaugurations de statues, pour des banquets littéraires ; les conseils, la collaboration même, accordés aux débutants trop faibles encore pour marcher sans aide et sans appui. Comment peut-on suffire à un tel labeur ? On n’y suffit pas, on y succombe. Que de fois je l’engageais à se borner, à laisser de côté des travaux dont l’urgence ne me paraissait pas démontrée ? Mais le travail était pour Gallet une passion, et rien ne pouvait l’en arracher.

Selon toute apparence, son dernier travail aura été le chœur du 3º acte de Déjanire :

   O terrible nuit, pleine de fantômes !

qu’il écrivit à Wimereux, dans son cottage qu’il aimait tant, d’où la vue s’étend au loin sur la mer, et même, à certains jours, jusqu’aux falaises de l’Angleterre. Il s’y trouvait ce vers :

   Et des signes de feu passaient dans le ciel noir,

auquel il substitua, peu après, le suivant :