Page:Saint-Saëns - Portraits et Souvenirs, Société d’édition artistique.djvu/112

Cette page n’a pas encore été corrigée

polype est retourné comme un gant sans que sa santé en soit altérée.

Il est certain que pour une musique où les moindres nuances d’expression et de sentiment sont indispensables, un nouveau clavier d’indications eût été nécessaire.

Quoi qu’il en soit, faute d’indications suffisantes, la vraie nature de l’œuvre dramatique de Gounod ne pourra être dévoilée dans l’avenir qu’à des voyants doués de l’intuition grâce à laquelle il faisait lui-même revivre Mozart.

Pour sa musique religieuse, de nature plus simple, destinée à être entendue dans des conditions — grand nombre d’exécutants, salles ou temples vastes et sonores — qui s’opposeront toujours plus ou moins aux fantaisies des chefs d’orchestre, les mêmes inconvénients disparaissent en majeure partie. C’est une des raisons pour lesquelles je la crois, plus que toute autre, destinée à soutenir la gloire de son nom, quand le temps, qui n’a pas encore, comme nous le disions en commençant, mis en sa vraie place le grand maître français, lui aura élevé le trône d’or sur lequel il recevra l’encens des générations futures.

J’aurais voulu parler de l’homme, de son charme pénétrant, donner une idée de son esprit, de ses propos, de sa façon de rattacher la musique a l’ensemble de l’art dont elle n’était à ses yeux qu’une partie, de cette conversation éblouissante qui rassemblait par moments à certaines pages des romans