Page:Saint-Saëns - Portraits et Souvenirs, Société d’édition artistique.djvu/106

Cette page n’a pas encore été corrigée

faisons le contraire. Quand la situation commence, nous entamons le morceau de musique. C’est à peu près le premier de ces systèmes qu’a suivi M, Gounod. »

Bien que toute œuvre d’art repose sur une convention, qui ne voit d’un coup d’œil quel service immense a rendu Gounod en battant en brèche ce système qui voulait, au moment où une situation dramatique était posée, que les acteurs cessassent de jouer pour se mettre à chanter comme au concert ? et c’était lui qu’on accusait de n’être pas « scénique », autre accusation terrible. Pas mélodique, pas scénique ; symphoniste par-dessus, le marché, que lui restait-il ? le public, conquis peu à peu par le charme et le naturel de ses œuvres et qui les a adoptées en dépit de tous les sophismes dont on lui rebattait les oreilles.

L’auteur, disait-on, entremêle récitatifs, ariettes, cavatines, duos et morceaux d’ensemble, sans qu’il soit possible d’en saisir les points d’intersection. On lui faisait un reproche de ce qui est maintenant recherché par-dessus tout, et même par-delà le sens commun, car si la liberté absolue dont nous jouissons aujourd’hui est un bienfait pour les forts, elle est un danger terrible pour les faibles qui s’y noient et n’arrivent qu’à l’informe, à l’incohérent. En ce temps-là, les aristarques prêchaient avant tout la « netteté » : la trivialité, la platitude, tous les défauts les plus vils passaient sous le couvert de ce vocable. Ne trouvant chez Go