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Mainte fois, hélas ! succomba ma hardiesse qui s’acharnait à préciser l’imprécis, à définir l’infini narquois derrière les vitraux du fini.

S’il advint que mon « roseau pensant » se complut aux superficialités de l’idole, c’est que les bagatelles de la morphe[1] parurent suffisantes au roseau de telle heure oisive, c’est encore que la prudence

    tion luxuriante de sa belle folie. À ce compte l’homme apparaîtrait son propre parasite. L’homme vierge ayant la prescience de ses vertus et de ses vices futurs et suspendant lui-même sur son avenir l’espérance et le remords, la récompense et le supplice, serait-ce pas un fait de sagace vision, une politique de haute sauvegarde ? Ô cet immense code du mystère menaçant notre conscience avertie ! Et puis c’est si bon de se donner l’illusion de n’être pas seulement l’éphémère pèlerin des routes humaines et qu’on transfugera quelque jour dans un monde chimérique — devenu vrai, qui sait ? par la force séculaire de notre foi. Au surplus que le Mystère sorte de nous ou que nous sortions de lui, peu importe ! Il existe, et cela seul intéresse.

  1. La forme est fleur, le fond est fruit (Cœcilian).