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— C’est mon Âme ! mon Âme Divine qui couve ingénument sous la forme terrestre. Elle est pour eux l’Espérance admirable, et s’ils savaient ne pas la récolter un jour sous la charrue de leurs baisers, ces pèlerins adoreraient l’ivraie blasphématrice et perdraient à jamais la foi du Paradis.

— Ô ton Âme Divine ! clamai-je éperdu comme un amant divin.

Alors, gravissant les marches du Calvaire, j’étreignis le rédempteur sycomore et j’y baisai avec ardence le chiffon de pierre à la place présumée des yeux, des mains, des pieds, du cœur, du front, — car le poëte est la Souffrance Humaine tout entière.

Si nombreux furent mes baisers que, l’image disparue de par la forme usée, jaillit l’Âme Divine enfin, l’Âme espérée depuis des ans puis des années par les