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Dès que,dans la solitude (mon amour-propre appréhendait-il une mystification ?), je livrai le fruit au pensionnat de mes dents, Sur-le-champ, d’imprévues magies ! Une gamme de rideaux se lève devant ce regard du mystère que chacun nous recelons, baguette prestigieuse, et l’enchantement du festin s’affirme. Parfum et saveur me suggèrent d’abord l’histoire de ce fruit : la branche, le tronc, les rayons, l’arrosoir, les nids de la frondaison, la flûte de l’ombrage, le chien du portail, le parler du climat, la coiffe d’alentour… Ensuite, identifié avec l’arbre, par ses rarines je pénètre en de l’intelligible matière, une matière moins sa rigueur, ingénue, comme avant la genèse en la Pensée première ; alors m’apparaît, parmi des êtres et des choses à l’état futur, la Vérité sans linge. Tandis que me divinise le miracle au travers duquel ma surprise passe, je me ris de la