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Telles œuvres anciennes réclament une certaine admiration, sachons en convenir, néanmoins, leur matière ressortissant d’un code plutôt que de la spontanéité, nous évoquent-elles quelquefois ces horlogeries de patience élaborées dans les prisons. Les cadres classiques sont contemporains des jougs monarchiques. Comme le rhythme, prisonnier d’une formule, on vit l’humanité prisonnière d’une volonté primant les personnalités. Si les révolutions politiques successives ne rompirent tous les jougs, du moins sont-ils largement amoindris et desserrés. Bientôt l’individu se reconquiert, et l’affranchi ne saurait tarder à reconnaître une valeur particulière, une entité, à tout ce qui participe à la Vie, — les républiques étant des copies réductives du panthéisme. Dès lors se transforment l’esprit et la chair des œuvres. La liberté n’est-elle pas le champ musical par excellence ? Et qu’est-ce que le génie sinon d’être, en un mot de s’épanouir selon toutes les garanties de la liberté ? A l’homme libre, il fallait un art libre ne relevant que des lois divines, lesquelles ont pour base la religion de l’individualité, — qualité essentielle des dieux (i).

(i) La forme ne vaut qu’individuelle. L’Ecrivain-aux-manchettes Ta judicieusement proféré : le style est le propre de l’homme. Individuelle, qu’il s’agisse d’une œuvre d’ipséité directe ou d’une œuvre d’ipséité indirecte, l'auteur s’exprimât-il à découvert ou s’exprimât- 11 sous le masque de ses hérauts. Puisqu’il existe autant de visions de la Beauté une que d’individus, comme nous l’exprimons dans le Liminaire des Reposoirs de la procession y conséquemment les formes se manifesteront aussi nombreuses, aussi variées que les individus .

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