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cœur (i). Essence de vie, expression initiale, idiome indivis, il permet aux êtres les plus opposés de se fédérer dans une compréhension réciproque et de battre à l'unisson, éoliennement, sans toutefois perdre leur caractère idiosyncratique, devant le multiple frémissement de la nature et du mystère.

Parmi les éléments et l’humanité, foyers d’émission, le poète se dresse en foyer de réception susceptible d’attirer les ondes diverses et de les hospitaliser dans l'appareil de son âme pour à son tour devenir, lui poète, sous les espèces de l’œuvre, foyer de transmission vis-à-vis de la foule attentive.

Ajouterai-je après cela que le rhythme ne s’enseigne point dans les traités rigoureux, mais à travers les instincts et les passions des êtres, le jeu des éléments, l'épiphanie des phénomènes, — et que, les Mouvements de la Vie, voilà son école.

De l’individualité du rhythme il faut conclure à une forme ad hoc.

On ne saurait contraindre plus longtemps le rhythme, valeur autonome et primesautière, aux gaufriers des âges de servitude ; de soi il indique son allure et son volume, il doit être lui-même sa propre forme.

(i) L’homme, animal rhythmique à l’excès, grandit avec dans la mémoire les primitives mesures du berceau et des bras maternels. (S.-P.-R.)

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