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rayonnement du protagoniste, ou bien, ce protagoniste, il l'éparpille comme une aumône en un circulaire geste de semeur (i).

Certes il y a une maïeutique du Mystère à laquelle il nous sied de tâcher. Ainsi nous aurons élargi le monde des œuvres ou du moins épanoui ses provinces vierges, ainsi nous aurons doté d’entiers personnages aux entités foncièrement définies le spectacle restreint de la terre et donné au théâtre les hautes allures d’un haras d’étalons. Pénétrons donc la féerie latente des causes premières et, moyennant des transpositions corrélatives, ramenons-les à la surface humaine à moins qu’auparavant elles ne se soient offertes d’elles-mêmes en ce déguisement tangible où parfois elles se haussent dans ce besoin d’extériorité, de vulgarisation, qui est la fin des Idées, abstractions concrescibles. Ne viennent-elles pas, tôt ou tard, au bord de notre sensibilité, comme les biches de l’opaque forêt au bord de l’étang clair ? Tous les aspects du règne apparent sont, à la longue, réalisées, des Idées qui autrefois couvaient dans l’ignorance des peuples.

Qui ne s’affirme explorateur de l’Absolu s’alanguit parmi des momies, n’agite que des marionnettes surannées. L’œuvre, disons le drame, drame

(i) Au théâtre nos préférences iraient à la synthèse, l’art dramatique étant par excellence l’art des centralisations (S.-P.-R.).

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