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en des mares de poix fondue. Effarée par une soif inextinguible qui vous met un nœud de vipères dans la gorge la sarabande se précipite en désarroi_vers une onde apparue là-bas, les langues pendantes ainsi que des entrailles de tigres évenlrés, les regards plus longs que des rais de soleil… peine perdue ! cette onde est illusoire !… De toutes parts se dresse un ironique mirage de liberté… vite on s’y rue !… chimère encore ! car plus les vagabonds croient approcher, plus la liberté s’éloigne !… Alors c’est la panique, c’est l’orgie d’angoisses où chaque forçat exaspéré devient un volcan de blasphèmes !… Enfin, parmi le tintamarre des squelettes qui craquent et la brume nauséabonde des graisses qui fondent, s’élève l’universelle vocifération : « J’étouffe !… je brûle !… de l’air !… une goutte d’eau !… Rédemption, Seigneur, rédemption !… Mon corps flambe !… éteignez-moi !… de l’air !…une goutte d’eau !… de l’air !… » tandis que, tel un cou de monstre apocalyptique qui refuse, le balancier de l’Horoge Infernale grince sur les affres des maudits