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tomba dans un champ d’ivraie… là je naquis avec pour langes des flocons de neige… Une âme samaritaine nous recueillit… depuis je grandis sous une pluie de larmes… Dès mes premiers pas, hélas, ma mère mourut… Je la revois inerte sur son grabat de feuilles sèches !… Je souriais, croyant que son maigre corps las reposait un peu…bientôt j’eus peur, car mes caresses se gelaient sur ses joues pâles : on ignore la mort quand on est très petit. Le soir venu, tout à coup la porte s’ouvre !… Alors s’avance un homme noir qui se penche vers la pauvre dormeuse et l’emporte à travers la nuit comme un voleur !.. .Je le suis dans les ténèbres, m’accrochantàson manteau et criant jusqu’aux étoiles — qui riaient. Enfin l’on s’arrête en un lieu de silence… le cimetière du village !… Là, je vis l’homme noir jeter ma mère dans un trou sinistre : la fosse des lépreux et des infâmes… Oh !… (Un silence.) Ici repose — indique le poteau qui remplace la croix — Ici repose Magdeleine la Vilaine !… Dès lors ma vie ne fut que déboires. Tout enfant, quand je passais avec