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autour de cette vieille chapelle qui domine la Vallée… elles y paissaient l’herbe naïve durant que les psaumes des reclus à la voix surnaturelle envahissaient mon âme émerveillée. Une force mystérieuse m’attirait ici chaque jour davantage. Un matin, jaloux d’implorer votre hospitalité, je quittai la cabane et gravis la colline… or ma route était charmée par l’aile fraîche d’un ange invisible qui me conduisait. Croyant que leur maître montait vers l’herbe quotidienne, les brebis m’avaient suivi, pleines de respect pour mon silence étrange, à distance et sans bêler, si bien que je les ignorais derrière moi ; mais, au seuil du moutier, voici qu’elles m’entourent comme pour me faire prisonnier… Sans doute avaient-elles deviné !… des bêlements agonisaient dans leur gorge serrée… Alors je répandis un torrent de larmes et restai là, très malheureux, un dur moment. Une cloche tinta. Les écartant doucement de la main comme on écarte de la neige en hiver, je leur dis très vite afin de ne point fléchir : « Dieu m’appelle, mes innocentes, adieu ! » et