Page:Saint-Pol-Roux, Les plus belles pages (extrait Prière à l’Océan), 1966.djvu/12

Cette page n’a pas encore été corrigée

Si tu savais la joie plénière quand on aime,
Tu bannirais ta bave en quelque maëlstrom
Et les perles d’en bas gicleraient vers ton front
Pour, te divinisant, s’y faire diadème !
Si tu savais méchant, le miracle d’amour,
Tu pleurerais tous les péris jusqu’à ce jour !
Seul grand est qui jamais ne prend mais toujours donne,
N’est pas dieu qui se venge, car un dieu pardonne.
Va, si l’on t’égratigne avec des hameçons,
Si l’on plonge en ta vague le fer de la drague,
Si l’on saisit ton sel, si l’on prend tes poissons,
Et si l’on cherche à faire de la flamme blonde
En barattant l’orgueil de ton âme profonde,
Laisse l’humanité jouir de ta beauté,
Puis, si, vivant de toi, l’homme se rit de toi,
Mon grand parmi les grands, eh bien, fais comme moi :
Aime quand même, aime encore plus et davantage !
Et lorsque les moqueurs accablent ta bonté,
Lance-leur des baisers à travers le visage.
Enfin cueille la nuit les anciens engloutis
Et porte-les, en les berçant, sur quelque plage,
Au patelin sacré d’où ils étaient partis !


*


Doublant sainte Rocamadour
Et l’esplanade de la Tour
Aux galets ronds comme des coiffes,
Vois l’aile rouge hors du nid
Par Tas de Pois ou Pierres Noires
Vers Irlande ou Mauritanie,
Renvoie nos gâs avec le pain
Et la chanson du lendemain.