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Joute des aventures d’or et des squales d’acier,
Cimetière dansant où les péris se heurtent, l’alliance au doigt,
Farouche pêle-mêle où tout se trouve — sauf un cœur, Océan…


*

Océan :

Ciel à l’envers,
Hublot de l’enfer
Quelqu’un de formidable parmi tous les êtes,
Chose la plus grande parmi tant de choses,
Geste le plus vaste d’entre tous les gestes,
Majesté la première au rang des majestés,
Océan,
Catastrophe constante,
Agrégat de tourmentes,
Tragédie sans fin,
Oh fais taire tes orgues barbares du large !
Haut sur sa dune aux immortelles d’or
Un poète te parle !

Abaisse donc tes monts sabaothiques
De l’Iroise et des loins atlantiques,
Calme tes nerfs noués en pieuvres,
Scelle tes chiens-de-mer aux creux du Toulinguet,
Aspire ma présence de tes branchies toutes,
Puis, posant les pieds blancs de ton flux sur la grève,
Accueille en cette oreille qu’est ce coquillage
Les mots qui te descendent sur la brise tendre
Arrivée des vallons de l’Aulne et de l’Elorn !