Page:Saint-Point - L’Orbe pâle, 1911.djvu/36

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


TROISIÈME soir de lune et de bataille.

L’Escadre est toujours là. Ses canons tonnent, ses torpilles éclatent.

Toute ma maison frémit. Tous ses yeux clos menacent d’éclater.

Mon cœur est dur au milieu de mes nerfs tendus.

Le fracas est dans mon être qui semble éclater, comme les torpilles et les obus déchaînés par ces jeunes hommes qui guerroient stérilement.

Cette guerre, à son aube, a réveillé mon audace, essoré mon désir, exaspéré mon attente.

Mais elle dure. Ce qui dure sans se renouveler n’est qu’une agonie.

Cette agonie bruyante que crée l’Escadre au large, m’étouffe. J’ai assez attendu la stérile victoire.

Le désir de ces jeunes hommes prisonniers dans ces vaisseaux errants, loin de leurs