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PHANOR,

POÈME SUR LA POÉSIE.




J’abjure pour jamais, céleste Poésie,
La vive ambition dont mon âme est saisie,
Si brûlant à l’aspect de ta sublimité,
De chanter tes rapports avec la vérité,
Par un orgueil jaloux, j’appelle la victoire,
Et n’ai d’autre intérêt que celui de ma gloire ;
Ou bien si devant toi, venant me prosterner,
Je n’implore tes dons que pour les profaner.
Non, non, je ne viens point envier la couronne
A ceux que la sagesse appelle vers ton trône ;
De leur juste triomphe admirateur soumis,
Plus j’aurai de vainqueurs et plus j’aurai d’amis.
Il est pur le regard dont mon œil te contemple.
Un zèle saint m’amène aux portes de ton temple.
Je viens m’y consacrer à l’honorable emploi
D’enseigner aux humains les douceurs de ta loi.