Page:Saint-Lambert - Les Saisons, 1775.djvu/308

Cette page n’a pas encore été corrigée

pas tombés. Nous ne perdrons pas notre tems en recherches vaines, en desirs inutiles, & nous n’oublierons pas de jouïr. Qu’est-ce qui nous rend heureux, Philips & moi ? le témoignage de notre conscience, notre amour & les bienfaits de la nature. Nous avons des principes au-delà desquels nous ne pouvons point être entraînés par les circonstances, & que nous fortifions encore par la philosophie. Nous n’admettons que celle des Philosophes qui croyent à la vertu & qui nous la font aimer ; & quand même ils se seroient trompés, nous leur rendrions graces d’entretenir en nous des illusions qui élevent notre ame & qui l’épurent. Nous voulons penser bien des hommes, afin de les aimer : nous voulons estimer les hommes pour nous donner un motif de plus de nous rendre estimables ; nous ne voulons point d’une philosophie qui nous dégrade & qui éteint dans le cœur l’enthousiasme de l’humanité & de la vertu ; nous voulons aussi conserver dans toute leur force & tous leurs charmes les sentiments de l’amour & de l’amitié.

Il entre sans doute toujours un peu d’illusion dans ces sentiments portés à l’excès. Il est des illusions qui se dissipent enfin, & ce ne sont point