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& de moi-même, mes parents n’étoient point inquiets de me laisser libre & seule. Mon penchant pour la philosophie & les lettres étoit connu ; on m’avoit trouvé de l’intelligence dans les affaires, & on ne me croyoit occupée à la campagne que du soin de mes biens & de l’étude.

Il y avoit près d’un an que mon père étoit mort, & je n’avois pas quitté encore la terre où je l’avois vu mourir. J’ai un oncle, homme de mérite &, distingué dans la Chambre des Communes par son désintéressement & par son éloquence : il venoit me voir quelquefois. Un jour, après avoir dîné chez moi, il me proposa de me promener avec lui dans le Parc, & là il me rappela le souvenir de l’amitié qui avoit toujours regné entre lui & mon père, & celle que l’un & l’autre avoit eue pour moi.

Vous connoissez mon fils, me dit-il, il s’est distingué dans ses études, & depuis quelques années qu’il est hors de l’Angleterre, toutes les Lettres que je reçois des Pays où il a voyagé, me confirment dans la bonne opinion que j’avois de lui : il est de votre âge & prêt à revenir ; je veux le marier : s’il peut vous convenir, j’aurai le plaisir de voir vos biens ne point sortir de